Ce mois-ci, nous peinons à appeler les nouvelles d’Haïti des « merveilles ».

Les Haïtiens sont actuellement en grande détresse. Depuis le 29 février, la situation du pays a basculé, les chefs de gangs exigent le départ du premier ministre et veulent prendre le pouvoir – notamment appuyés par un politicien qui sort de prison pour blanchiment d’argent issu du trafic de stupéfiants (Guy Philippe) – Ils ratissent la ville de Port-au-Prince en prenant progressivement le contrôle. La police résiste inégalement aux attaques, la peur règne.

La misère s’amplifie mais ils nous disent que le plus douloureux est le manque de perspectives, d’espérance, l’inquiétude de voir les gangs prendre le pouvoir.

L’école professionnelle St Joseph Artisan (EPSJA) est fermée depuis 10 jours.

Pourtant le quartier de « Canapé vert » où elle se situe fait partie des zones de Port au Prince que les bandits n’ont pas réussi à investir, la population s’étant particulièrement bien organisée pour résister.  Mais nous ne voulons pas exposer nos élèves à des risques inconsidérés pour s’y rendre quotidiennement. A l’heure actuelle les moyens de transport (les fameux « tap-tap ») sont paralysés par les risques et les barrages. La seule solution étant de prendre une « moto », moyen beaucoup plus cher et ô combien dangereux ! Ce moyen va d’ailleurs bientôt se tarir faute de carburant. Et pourtant, au milieu du marasme, l’EPSJA est prête à redémarrer dès que possible car tous les moyens matériels et humains nécessaires sont réunis et que les élèves en ont un besoin vital. Les professeurs de chaque filière (électricité, réfrigération, informatique et plomberie) mobilisent leurs élèves par internet (« Whatsapp ») afin qu’ils révisent chez eux en vue des examens de la deuxième période de l’année scolaire (il y a 4 périodes en tout). Ces examens auront lieu dans la semaine où l’école réouvrira. L’école est autonome en électricité avec ses panneaux solaires. L’eau de pluie recueillie dans un grand réservoir nous alimente ainsi que notre petite station de production d’eau potable. Afin d’assurer un plat par jour aux trois quarts des élèves qui peinent à trouver de quoi manger, il reste encore plusieurs semaines de réserve en riz… après Dieu pourvoira.

Nicolas a anticipé son retour en France fin janvier, nous n’avons aucune idée de notre date de départ…les vols vers Port au Prince ont été annulés.

« Un grand merci de tout cœur à vous ma 2e famille. Quand j’ai plus de force pour prier je suis sûre que jour et nuit j’ai des sœurs et frères sur qui je peux compter. Merci à chacun de vous pour tout.

Continuez à prier pour nous c’est beaucoup pour nous. » Extrait d’un message Whatsapp d’une personne de la Communauté de l’Emmanuel en Haïti.