Merveilles sans nombre d’Haïti 4

Depuis mi-novembre, les gangs ont accordé une trêve pour la livraison du carburant et la vie a pu reprendre son cours malgré une inflation galopante. En revanche, la violence reste omniprésente et les kidnappings hantent l’esprit de tous les Haïtiens. Nous vivons toujours confinés entre l’école et notre logement tout proche.

Rythme de croisière : Belle endormie par 2 ans de perturbations en raison des péripéties politiques et sociales, l’école est réveillée par les 109 étudiants qui la fréquentent chaque jour et l’équipe qui les encadre.

A 8h20, temps d’annonce avant le début des cours.

A 8 heures, tous les élèves se retrouvent à la chapelle pour un temps de louange animé à tour de rôle par une des fraternités. En Haïti, la foi n’est pas une question, tout le monde croit en Dieu ; en revanche, la religion en est une puisque les catholiques, encore majoritaires, sont de plus en plus rejoints par les protestants, évangéliques à l’Américaine, et les « croyants-sans-Eglises ». Ce moment de prière en commun (éveiller, développer, nourrir la vie spirituelle de chacun) est essentiel dans la vie de l’école, il participe aussi à l’éducation intégrale de la personne qui est le projet des écoles de l’Emmanuel. Guitare et tambour, unité par le chant, écoute de l’Evangile du jour et de son commentaire donné par un membre de la direction, prière quotidienne à st Joseph Artisan. Ce rythme bien rodé laisse aussi place à la libre créativité des uns et des autres.

Extrait de la prière à St Joseph Artisan6

Premier « écolage » cette semaine, versement des frais de scolarité.

En Haïti, la gratuité de l’enseignement n’existe pas et la formation représente un coût très important pour les parents. Dans ce paysage, l’EPSJA ne fait pas exception, même si le prix demandé aux élèves ne représente qu’un sixième du fonctionnement de l’école et se situe bien en-dessous des montants demandés ailleurs pour une formation équivalente.

Depuis 10 ans, l’établissement a choisi d’accueillir aussi des étudiants financièrement défavorisés. La demande de « bourse » est un moment de rencontre personnel au cours duquel ils nous exposent leurs conditions de vie. Devant de telles situations : jeunes sans famille, sans ressource, jeunes orphelins qui assurent aussi la survie de leurs frères et sœurs, jeunes dont les parents par leur « petit boulot » ne gagnent pas de quoi faire manger leurs enfants, jeunes dont le seul responsable (un cousin, une tante…) vit aux USA, au Canada et ne répond pas aux appels, jeune pour qui l’enterrement de l’oncle a dévoré les économies familiales….

« Ça fend le cœur » : ce sont les propos de Ménès, le responsable de vie scolaire, dont la vie personnelle est pourtant aussi un parcours d’obstacles surmontés courageusement. Nous prenons soin de recevoir les étudiants accompagnés d’un Haïtien membre du staff -Ménès ou Hervé- pour être le plus ajustés possible à la réalité de la vie ici. Ensemble, nous y parlons de dignité, de participation, de motivation. Un enjeu de taille ! Le chemin est étroit pour que ces jeunes ne se mettent pas en situation d’assistés, pour qu’ils construisent honnêtement leur vie, en n’entrent pas dans un individualisme mortifère.

« Nous ne pouvons pas lutter contre la misère, mais avec l’école, nous pouvons apporter une espérance ! », voilà notre défi, notre programme, formulé par Hervé.

En ce temps de l’Avent, les 10 fraternités se concertent pour préparer la fête de Noël du 20 décembre : après la partie spirituelle -messe et crèche vivante, ils organisent aussi une partie « culturelle » avec des présentations variées. Le remarquable sens artistique des Haïtiens, leur prédisposition pour le spectacle, la culture orale peuvent ici se déployer pour la grande joie de tous.

A l’occasion de nos premiers cours -Nicolas en dessin technique et Marie en Français- nous sommes rentrés dans un nouveau mode de relation avec les élèves. Nous explorons leur niveau d’apprentissage, en quelque sorte un nouveau continent pour nous ! Nous avons aussi pu détecter une énorme myopie chez une élève et lui procurer des lunettes grâce à un don généreux A 18 ans, elle peut redécouvrir la vue !

La campagne électorale bat son plein pour l’élection du représentant des élèves au cours de cette semaine.

Nous nous préparons à rejoindre la France et nos enfants pour cette fin d’année et prions pour que notre retour en janvier puisse se faire sans délai malgré les nombreuses embûches que créent le Covid et l’insécurité haïtienne, parce que finalement, « C’est loin l’Amérique » !

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Merveilles sans nombre en Haïti

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