Merveilles sans nombre d’Haïti 2

Nous entrons pas à pas dans la compréhension du pays, profitant du temps libéré lors de ces 6 semaines précédant la rentrée des élèves pour nous familiariser avec cette culture à laquelle nous sommes totalement étrangers.

Nous avons rencontré un à un les 6 professeurs et 4 autres personnes qui travaillent à l’école. Moments fondateurs de notre collaboration, souvent gênés par la barrière du langage : Même si tous parlent français, l’accent, le choix des mots, les tournures nous demandent beaucoup d’attention et souvent une traduction simultanée !

Accompagnés pendant deux semaines de François de St Blanquat, le fondateur de l’école, nous avons noué des liens avec d’autres acteurs haïtiens ou français de la vie locale. Occasions de très belles rencontres :

 

Mgr Mesidor, archevêque de Port au Prince. Avec Guerda, la responsable locale de la communauté de l’Emmanuel, nous avons passé un moment particulièrement réconfortant, chaleureux et encourageant à la résidence de l’archevêque. Mgr Max Leroy Mésidor nous a redit sa confiance, son désir que la communauté soit mieux connue à Port au Prince. Nous nous sommes quittés avec un fort désir de nous retrouver pour prier ensemble et partager la mission.

 

L’ambassadeur de France qui quitte bientôt Port au Prince se soucie beaucoup de sécurité. Le petit-déjeuner offert dans sa résidence privée nous a ravi les papilles. Au cours des deux heures de discussion, particulièrement avec son épouse libanaise, nous pouvons encore une fois mesurer la lourdeur de la chappe de plom qui pèse sur le pays : Insécurité surtout, crise économique, précarité politique, sentiment d’abandon généralisé. La façade de l’ambassade particulièrement inhospitalière (voir photo) rappelle à son hôte – si jamais il l’oubliait – le mode de vie qui est le sien : assiégé.

 

En écoutant Patrick Attié, directeur français d’un établissement d’enseignement supérieur de l’informatique, nous essayons de nous représenter Port-au-Prince il y a 40 ans et comprenons mieux ce nom devenu dérisoire : « la perle des Antilles ». Dans son souvenir, la vie y était légère et détendue : cinéma, boîte de nuit…

 

Nous avons trouvé des « perles de Antilles » : Sœur Thérèse-Marie, sœur de St Joseph de Cluny, débordante de charité et d’énergie, qui dirige l’école Sainte Rose – une partie d’une importante cité scolaire. Comment ne pas être édifiés par ce courage, cette persévérance malgré l’adversité que représentent ‘les bandits’ qui proposent leur protection (« comment accepter cela ? »), le deuil de petites élèves dans le dernier séisme (« sa mission sur terre était terminée, je ne peux rien dire d’autre »).

 

 

Le foyer de Charité Sainte Marie de Guadalupe, le plus proche voisin puisque l’école est construite sur son terrain est un lieu de vie, animé au fil des jours par la vie de l’école (maternelle, élémentaire, collège, lycée) et la vie du foyer (messe quotidienne, amis et résidents du foyer).

La communauté de l’Emmanuel locale, petit cercle de frères et sœurs est très éprouvée par les départs vers les Etats-Unis de plusieurs de ses membres. Ce crève-cœur se traduit dans les mots : « notre frère a « laissé » le pays ». Mais le sourire, le rire, la blague sont toujours au rendez-vous. Pour eux, comme pour chaque Haïtien, la vie quotidienne est incroyablement compliquée : transport, ravitaillement, logement, accès à l’électricité, à l’eau, le BRUIT, la poussière, les moustiques, la chaleur… En ce moment, la pénurie de carburant est importante. Lorsqu’il y a une livraison en station, on frôle l’émeute, c’est assez impressionnant. Pour notre part, nous sommes entourés de quelques anges gardiens haïtiens : Hervé à l’école, Marie-Cham à la maison, Guerda dans la Communauté… sans qui la vie quotidienne serait une autre paire de manches. Ils veillent sur nous, faisant pour nous tout ce qui nous est impossible. Il faut dire que 2 blancs ne passent pas inaperçus ces temps-ci en Haïti !

 

Au fil des jours nous mesurons aussi la solidité des liens qui ont été noués par ceux qui nous ont précédés dans cette mission. Ils sont tous très présents dans les mémoires et le cœur de chacun des membres de l’école et de son entourage. Un à un leurs prénoms reviennent dans les conversations. Par leur zèle et leurs compétences, ils ont fortement marqué l’école, les professeurs. Cela aussi est très réconfortant, encourageant, motivant. Nous nous donnons ici aussi dans une œuvre qui nous dépasse largement et qui contribue -bien pauvrement- à édifier quelque chose de meilleur pour tous.

Petit à petit, nous entrons dans le vif du sujet, les contours de notre travail. Nous avons tout de suite été plongés dans les examens d’entrée à l’école, ses corrections, les entretiens avec les nouveaux élèves. Nous avons aussi assisté au grand jour des graduations, fête très solennelle pour des étudiants qui ont mis 2 ans pour terminer une année de formation (confinement pour le Covid, « pays lock » du fait des évènements politiques pudiquement appelés ‘la situation du pays’). Cette journée commence par la messe, se poursuit par des discours, la remise du diplôme à chaque étudiant, scrupuleusement revêtu d’une jolie toge, et se termine par un repas. Que d’émotions !

                         

Toujours de plus en plus convaincus que cette mission ne « tient » que par miracle, par grâce, nous renouvelons notre demande de prière pour l’école, pour nous et pour les nôtres.

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